Mesures d’adaptation populationnelles au froid

Ces mesures populationnelles constituent des moyens de gestion présumés efficaces à long terme pour réduire l’impact du froid sur la santé d’une collectivité. Elles peuvent s’appliquer à une région, une ville, un quartier ou une organisation (ex. milieu de travail). Diverses instances peuvent les mettre en place, dont les autorités gouvernementales et de santé publique ainsi que des milieux de travail.

Plans d’action

Un plan d’action permet de détecter, prévenir et limiter les effets sanitaires et sociaux liés au froid en portant une attention particulière aux populations à risque. Il peut inclure :

  • L’émission d’avertissements liés aux épisodes de froid intense;
  • L’éducation de la population;
  • L’accompagnement des personnes à risque;
  • La mise en place de mesures d’adaptation.

Ce plan peut mettre à profit les systèmes d’alerte afin de renforcer les capacités des autorités concernées dans leurs prises de décision et leurs interventions.

Déployé tout au long de l’année, le plan exerce un plus grand impact sur la morbidité et la mortalité hivernales. En effet, les effets négatifs du froid sur la santé commencent à des températures extérieures relativement modérées. De plus, il devrait considérer toutes les formes de précipitations (p. ex. pluie, neige, verglas et grêle). Il doit aussi recommander des actions avant et tout au long de la saison hivernale, ainsi que prévoir des interventions d’urgence lors des extrêmes de froid. Pour ces dernières, il est nécessaire de faire appel à un système d’alerte météorologique.

Systèmes d’alerte

Un système d’alerte au froid permet de surveiller les conditions météorologiques et d’aviser les autorités de santé publique lorsque le froid constitue une menace pour la population. L’indicateur météorologique le plus pertinent pour un tel système est la température extérieure prévue. Les prévisions des températures, tant maximales comme minimales, sont très fiables sur un horizon de quelques jours.

D’autres indicateurs intéressants, comme le refroidissement éolien et la température ressentie, sont basés sur l’humidité et le vent. Ils permettent de mieux expliquer l’effet du froid sur la santé cardiovasculaire. Cependant, les prévisions relatives au vent et à l’humidité sont moins précises que celles liées aux températures. Ces indicateurs sont donc plus difficiles à opérationnaliser dans un système d’alerte au froid. Consultez les mesures de prévention selon l’indice de refroidissement éolien.

Seuils de froid extrême

Au Québec, l’Institut national de recherche scientifique (INRS) et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont identifié des seuils de températures extérieures maximales et minimales à partir desquels des excès de mortalité ou d’hospitalisation s’avèrent importants. Les seuils proposés pour les excès de mortalité varient, en fonction des climats des régions, entre -23 °C et -29 °C pour la température minimale et entre -15 °C et -20 °C pour la température maximale. Pour les excès d’hospitalisation, les seuils varient entre -23  °C et -30 °C pour la température minimale et entre -13 °C et -17 °C pour la température maximale.

Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) émet aussi des avertissements de froid extrême lorsqu’on prévoit que la température ou le refroidissement éolien atteindra -38 °C (ouest, centre et est du Québec) ou -48 °C (nord du Québec), pendant au moins deux heures consécutives. Il faut préciser que ces seuils d’ECCC ne sont pas basés sur des données sanitaires, mais sur l’expérience et l’appréciation subjective de quelques personnes participantes, sauf pour le risque théorique d’hypothermie et d’engelure.

Programmes d’aide en itinérance

Plusieurs villes du Québec possèdent des programmes d’aide à l’itinérance de concert avec les instances de santé publique et diverses organisations locales. Par exemple, la ville de Montréal a mis en place un plan d’action concerté 2021-2026 pour répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance par temps froid avec la collaboration du réseau de la santé et des services sociaux, les organismes communautaires et d’autres partenaires. Entre autres, il propose :

  • De mieux informer sur les ressources d’aide disponibles;
  • De bonifier l’offre de transport vers les services d’aide;
  • De planifier des mesures d’intervention pour mieux les protéger durant la période hivernale;
  • De développer l’offre de services d’hébergement d’urgence avec le réseau de la santé et des services sociaux et les organismes communautaires;
  • D’assurer une production continue de logements sociaux.

La littérature scientifique suggère que la mise en œuvre de telles mesures d’adaptation a des effets bénéfiques importants chez cette population, comme la réduction des cas d’hypothermie et du nombre d’admissions à l’urgence pour des engelures.

Concernant les seuils de froid nécessaires à la création d’un système d’alerte pour protéger les personnes en situation d’itinérance, peu d’études sont disponibles. De plus, les seuils recommandés varient considérablement de 2,5 °C à -15 °C, dépendamment de l’impact sur la santé étudié, comme l’hypothermie ou la mortalité. D’autres études sont nécessaires afin de définir des seuils applicables à la réalité québécoise.

Protection des personnes en emploi

Les personnes qui travaillent à l’extérieur durant la période hivernale sont particulièrement exposées au froid, ce qui les rend susceptibles de subir des effets délétères sur leur santé. Au Québec, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) signale qu’entre 2014 et 2018, 112 travailleuses et travailleurs ont subi une lésion professionnelle causée par le froid. Ces chiffres pourraient sous-estimer l’ampleur réelle des problèmes de santé professionnels attribués au froid, en raison du phénomène documenté de sous-déclaration des lésions professionnelles par les travailleuses et travailleurs aux commissions d’indemnisation.

Passer moins de temps à l’extérieur est recommandé pour réduire son exposition au froid et ainsi protéger sa santé. La CNESST propose aux employeurs différents moyens afin de prévenir en amont les risques liés au froid :

  • Des contrôles techniques, comme installer des écrans limitant l’exposition au vent et prévoir de l’équipement personnel;
  • Des mesures administratives, comme planifier les activités de travail à l’extérieur en tenant compte des prévisions météorologiques;
  • La formation, pour sensibiliser les travailleuses et travailleurs aux risques, mesures préventives, aux signes et symptômes, ainsi qu’aux mesures d’urgence liées au travail en environnement froid.

Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST) propose des seuils de température acceptables pour le travail en fonction de variables hydrométéorologiques et du type de travail. L’ensemble des provinces et des territoires a adopté ces seuils de température comme limites légales ou lignes directrices en la matière. Il serait approprié d’établir des seuils de température basés sur l’impact sanitaire afin de rendre les conditions de travail encore plus sécuritaires.

Adaptation des logements

Pendant l’hiver, les personnes vivant dans des logements mal isolés peuvent avoir de la difficulté à chauffer adéquatement leur logement et demeurer tout de même exposées au froid. Elles peuvent aussi peiner à payer les frais associés à leur consommation d’énergie (électricité, mazout, etc.) et vivre une situation de précarité énergétique. L’OMS recommande une température minimale de 18 °C pour limiter les risques sanitaires.

Les programmes d’aide en efficacité énergétique facilitent le maintien d’une température optimale dans la maison et aident à diminuer les coûts d’énergie. Les personnes ayant profité d’un programme d’isolation du logement rapportent un état de santé générale et de bien-être mental supérieur après ces rénovations.

Aménagement du territoire

La disposition et les caractéristiques des bâtiments et de l‘environnement bâti peuvent influencer le froid ressenti par la population, en modifiant les corridors de vent, l’exposition au soleil ainsi que les rejets et l’emmagasinement de la chaleur (p. ex., matériel réfléchissant, chaleur des véhicules automobiles). Consultez notre page Lutte contre les îlots de chaleur.

Pour en savoir plus

Consultez nos publications pour accéder aux références dans ce texte :

Consultez le rapport de l’Agence de santé publique du Canada La santé dans un climat en changement (2022)

Dernière mise à jour :