Veille analytique en santé cognitive, juillet 2023

Pour ce numéro, l’équipe Vieillissement en santé a repéré trois études abordant le mode de vie physiquement actif et la participation sociale. La première étude vise à examiner si la danse peut améliorer la santé physique et cognitive des aînés. La deuxième étude essaie d’identifier les barrières et les facilitateurs à l’épanouissement auprès des personnes âgées qui vivent dans des logements conçus pour accroître le bien-être des personnes aînées anxieuses ou isolées socialement. La troisième étude porte sur l’effet d’un cours de théâtre dans le but d’améliorer les liens sociaux auprès des personnes aînées vivant dans des logements sociaux.

Mode de vie physiquement actif

La danse peut-elle améliorer la santé physique et la cognition chez les personnes âgées de 65 ans et plus?

Contexte

Les lignes directrices sur l’activité physique recommandent aux adultes âgés de 65 ans et plus de participer à des activités physiques à plusieurs composantes, notamment l’entraînement à l’équilibre, l’exercice aérobique et le renforcement musculaire. Les études montrent que l’activité physique améliore la capacité cardiovasculaire, la force musculaire ainsi que la santé cognitive des personnes âgées. Malgré les bienfaits connus de l’activité physique, les recherches suggèrent que l’inactivité physique augmente avec l’âge, la majorité des personnes âgées n’atteignant pas les niveaux d’activité physique recommandés chaque semaine.

La danse est une forme attrayante et agréable d’activité physique de groupe pouvant être pratiquée par de nombreuses personnes âgées. Des revues systématiques ont montré que la danse peut améliorer la santé physique avec des effets positifs rapportés pour la force, l’endurance, la condition physique fonctionnelle et certains facteurs de risque associés aux chutes, notamment l’équilibre et la mobilité. De plus, une revue de littérature a identifié que la danse pourrait réduire les symptômes dépressifs, l’anxiété et le déclin des habiletés cognitives.

Objectif de l’étude

L’objectif principal de cette synthèse des connaissances est de décrire les programmes de danse et les bénéfices potentiels de la danse pour la santé des personnes aînées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Premièrement, en ce qui concerne les caractéristiques de participation aux programmes de danse, on apprend que 80 % des participants étaient des femmes. La fréquence des séances de danse de ces études variait d’une à trois fois par semaine. Les séances de danses permettaient d’atteindre une intensité modérée. La durée des séances de danse variait de trente minutes à deux heures. La durée des interventions était en moyenne de huit semaines, mais variait de quatre semaines à dix-huit mois. Environ 18 types de danse ont été utilisés dans les études, mais pouvaient être classifiés comme des danses aérobiques, des danses sociales et des danses traditionnelles. Les méta-analyses réalisées sur 19 des 22 articles en fonction des différents effets recherchés ont permis d’élaborer certains constats intéressants sur l’effet de la danse sur la santé des personnes aînées. La danse semble avoir des effets supérieurs sur la mobilité et l’endurance cardiovasculaire comparée aux autres types d’interventions (musculation ou entraînement cardiovasculaire). La danse a rapporté des effets équivalents à la musculation et l’entraînement en endurance sur l’équilibre, la démarche, la force, la flexibilité et la cognition.

Limites

Malgré les bénéfices de la danse démontrés sur la mobilité et l’endurance cardiovasculaire, il reste que cette méta-analyse inclut seulement 19 articles scientifiques et que la qualité de plusieurs de ces études est faible (pas de randomisation des participants pour la distribution des groupes, pas d’évaluation des résultats à l’aveugle). Plus de 80 % des participants étaient des femmes, ce qui limite la transférabilité des résultats aux hommes. De plus, les interventions étaient hétérogènes (types de danse, durée des études, fréquence, durée de la session de danse et mesures sur les composantes physiques) ce qui ne permet pas d’identifier quels types de danse produisent le plus de bénéfices.

Clifford, Amanda M., et al. The effect of dance on physical health and cognition in community dwelling older adults: a systematic review and meta-analysis. Arts & Health (2022): 220-228.

Participation sociale

Les barrières et les facilitateurs à l’épanouissement des personnes aînées en lien avec leur lieu de résidence : une étude suédoise

Contexte

L’épanouissement est un concept qui peut être influencé par le bien-être de l’individu dans son lieu de résidence. Quatre facteurs pertinents ont été identifiés pour décrire les barrières et les facilitateurs de l’épanouissement dans un lieu de résidence. Ces facteurs sont : individuel, social, environnemental et organisationnel.

En Suède, le logement protégé est une forme relativement nouvelle de logement pour les personnes âgées, conçue pour accroître le bien-être des personnes âgées anxieuses, isolées socialement ou vivant dans des conditions peu sécuritaires. Actuellement, les études concernant l’épanouissement des résidents des logements protégés sont rares.

Objectif de l’étude

Le but de cette étude était de mieux comprendre les facilitateurs et/ou des obstacles à l’épanouissement, tels que décrits par les résidents vivant dans des logements protégés suédois.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Cette étude descriptive réalisée par le biais de 38 entrevues semi-dirigées met en évidence des barrières et des facilitateurs à l’épanouissement qui peuvent se situer au niveau individuel, social, environnemental et organisationnel chez les aînés vivant dans des logements protégés en Suède. Sur le plan individuel, deux facteurs facilitants ont été identifiés : avoir une attitude positive et avoir des opportunités de préserver l’autonomie et de décider du temps que la personne veut passer avec d’autres ou seule. Deux facteurs représentent des barrières à l’épanouissement : avoir une santé déclinante et avoir des attentes non rencontrées.

Les résultats de cette étude liés au contexte social ont révélé que les tensions sociales sont un frein à l’épanouissement, mais ont également mis en évidence l’importance des relations positives entre les résidents. En effet, les préoccupations vis-à-vis de voisins avec une santé déclinante peuvent influencer l’épanouissement. Par exemple, les résidents ne se sentent pas épanouis si les voisins avec une santé déclinante ne recevaient peu ou pas de soins. L’épanouissement était affecté si les résidents avec une santé déclinante ne pouvaient pas participer aux activités, car les résidents désirent inclure toute la communauté aux activités.

Les aspects environnementaux tels que l’accessibilité, la proximité des services et des transports publics affectaient le sentiment de sécurité et les possibilités de rester autonome, particulièrement quand les résidents vivaient ou s’attendaient à vivre des problèmes de mobilité. Cependant, les résidents ont également exprimé le désir de mieux prendre en compte les besoins spécifiques des personnes âgées, tels qu’une meilleure accessibilité du logement, un entretien plus rapide des logements, une protection contre un environnement non sécuritaire (ex. : présence de vol dans les endroits communs, retard dans la réparation des portes brisées et des alarmes de sécurité en cas d’urgences non fonctionnelles).

Sur le plan organisationnel, les entrevues indiquent que bien que les services fournis en logement protégé soient jugés bénéfiques, il semble y avoir un décalage entre les services fournis, les attentes des résidents et les informations données par les organismes. Par exemple, les résidents ne se sentaient pas écoutés lorsqu’il y avait beaucoup de changements dans le personnel. D’autres barrières à l’épanouissement, comme une offre de services (nombre d’activités proposées), et au temps limité passé avec l’hôtesse pour les repas et autres activités étaient décrites. Finalement, le coût élevé des loyers était également une barrière à l’épanouissement.

Limites

Comme les entretiens ont été menés en groupe, il est possible que les répondants aient décrit des points de vue et des opinions jugés socialement souhaitables. Les caractéristiques des participants sont limitées aux personnes vivant dans des résidences protégées, ce qui diminue la validité interne de cette étude. De plus, comme cette étude est réalisée en Suède, il est très difficile de généraliser ces résultats dans un autre pays.

Corneliusson, L., Sköldunger, A., Sjögren, K., & Edvardsson, D. (2023). ‘100 metres to the liquor store and 300 meters to the cemetery’–individual, social, environmental and organisational facilitators and barriers to thriving in Swedish sheltered housing

Participation sociale

Renforcer les liens sociaux grâce à un cours de théâtre et d’improvisation pour les personnes âgées vivant dans des logements sociaux aux États Unis

Contexte

Environ deux millions de personnes âgées vivent dans des logements à faible revenu aux États Unis, connaissant des taux de solitude plus élevés et un risque accru de problèmes de santé. La plupart appartiennent à des groupes ethniques minoritaires. Les activités de la vie quotidienne de ces personnes âgées peuvent se réaliser à proximité immédiate de leur résidence, ce qui signifie que le lien social avec les autres résidents de l’immeuble et la programmation en résidence, qui facilite les liens sociaux, sont essentiels.

Les programmes de théâtre artistique animés par des professionnels pourraient étendre les avantages aux personnes âgées mal desservies en favorisant les contacts sociaux, en créant une communauté pour les personnes âgées, en aidant à réduire les disparités ethniques tout au long de la vie et en améliorant la santé. Malheureusement, ces programmes sont rarement disponibles pour les personnes âgées à faible revenu ou marginalisées qui vivent dans des logements sociaux.

Objectif de l’étude

La présente étude vise à combler le vide dans la littérature concernant l’impact des programmes de théâtre sur les aspects des liens sociaux pour les personnes âgées à faible revenu vivant dans des logements sociaux.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Une étude mixte contenant des entrevues individuelles ainsi que des mesures quantitatives pour mesurer l’isolement social a été réalisée avec 14 participants vivant dans des logements sociaux. Les résultats qui émergent des entrevues montrent que les participants ont apprécié le cours de théâtre, en indiquant que le cours leur a permis de rencontrer de nouvelles personnes et d’apprendre quelque chose de nouveau. De plus, le cours de théâtre a permis aux participants de se rapprocher d’autres personnes et de développer de nouvelles relations. Finalement, le cours de théâtre a permis aux participants d’être capables de s’exprimer devant un groupe et d’améliorer leurs interactions sociales. Cependant, les analyses statistiques sur l’isolement social perçu ne démontrent aucun changement significatif après l’intervention de 12 semaines.

Bien qu’il n’y ait pas eu de changement significatif pour les participants dans les mesures quantitatives sur l’isolement social, les données qualitatives ont identifié ce qui motive les participants à s’inscrire à un cours de théâtre et d’improvisation en résidence et les aspects des cours qui ont affecté les relations sociales. Par exemple, les résidents voulaient s’inscrire au cours de théâtre pour rencontrer les autres résidents ou apprendre quelque chose de nouveau.

Limites

Le petit nombre de participants a limité la puissance statistique des analyses quantitatives, ce qui pourrait potentiellement expliquer l’absence de changement significatif dans les mesures sur l’isolement social. De plus, cette étude n’avait pas de groupe de contrôle ou de groupe de comparaison, ce qui limitait la capacité à tirer des conclusions quantitatives sur les effets potentiels du programme.

Sutherland, L., Dunkle, R. E., & Pace, G. T. (2023). Enhancing social connections through an acting and improvisation course for older Americans in low-income housing. Arts & Health, 1-16.


Équipe Vieillissement en santé

Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Annie Gauthier, conseillère scientifique spécialisée
Mathieu-Joël Gervais, conseiller scientifique spécialisé
Mathieu Maltais, conseiller scientifique spécialisé
André Tourigny, médecin-conseil, spécialiste en santé publique et médecine préventive

Avec la collaboration de :
Aurélie Maurice, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive

Sous la coordination de :
Pierre-Henri Minot, chef d’unité scientifique (par intérim)
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé cognitive.